Trois souvenirs de ma jeunesse

C’est un film bizarrement construit : trois souvenirs d’un même personnage, Paul Dédalus, de très inégale longueur, et dont on se demande quel est le lien. Le thème et le genre qui sont proposés par les premières minutes, l’usurpation d’identité et le film d’espionnage, ne sont pas véritablement traités. Mais chacun de ces souvenirs a happé Ulysse par son intensité et sa poésie sombre. Notamment le premier : un jeune garçon sur le palier d’un escalier de maison bourgeoise, un couteau à la main, qui tente de protéger sa soeur et son frère, en empêchant de les rejoindre à l’étage une jeune femme séduisante et maléfique, dont on finit par comprendre qu’elle est leur propre mère! Scène courte et saisissante. Le deuxième souvenir est la façon dont le jeune Paul, devenu lycéen, lors d’un voyage scolaire en URSS dans les années 80, aide des refuzniks juifs en leur donnant son propre passeport. Le troisième souvenir, qui finit par envahir les trois quarts du film, est l’histoire d’amour de Paul, âgé de 19 ans, et d’Esther, une lycéenne de 16 ans, qui pourrait n’être que banale et qu’il trouve magique. On dirait du Truffaut, à cause de la voix off. Quelques longueurs, peut-être, mais les deux acteurs sont d’une fraîcheur et d’une impudeur assez stupéfiantes. Et puis Ulysse trouvé les dialogues très bien écrits (ce dont on ne se rend pas forcément compte dans la bande annonce).

Plusieurs jours après, il repense à ce film étrange. Il se demande ce qui lie ces trois souvenirs. La difficulté d’être un « protecteur », d’assumer un rôle dans la vie des autres : pour sauver ceux qui te touchent, tu dois prendre le risque de te perdre toi-même?