Mardi 30 avril 19
« Bonsoir, les gilets jaunes ! »
Une bonne vingtaine de motos de la police passe le long du parc Montsouris : ils sont deux sur chaque moto, un numéro dans le dos. Ils se préparent sûrement pour la manif du 1er mai. Ce défilé interrompu de motards rappelle de mauvais souvenirs des années 80.
Dans le café entrent trois ouvriers en bleu de travail vert, sur lequel ils portent un gilet jaune. Le serveur, qui a l’air de les connaître, les apostrophe : « Bonsoir, les gilets jaunes ! ». L’un des trois, un Arabe jovial, lui répond sur le même ton : « Pourquoi bonsoir ? Il fait encore jour, il n’est que six heures. Pourquoi vous ne faites pas comme les Musulmans ? Bonsoir, c’est quand le soleil se couche, pas avant ! »
Ils se mettent tous à examiner les raisons de cette confusion dans l’emploi du mot « bonsoir ». Le changement d’heure, l’éclairage électrique, tout ce qui fait qu’on ne s’intéresse plus au soleil qui se couche et qu’on ne sait plus exactement quand le soir commence. Puis le serveur conclut : « Vous feriez mieux d’aller vous cacher avec vos gilets jaunes !
-Mais quels gilets jaunes ? On bosse nous !
-Oui, oui, mais les flics viennent de passer. Il y avait au moins cinquante motos. Ils vous cherchent de partout pour vous taper dessus. Ils ont besoin de s’entraîner pour demain. Faites pas les cons, soyez prudents ! »