La principale source sur Phrynè, se trouve dans le « Banquet des Sophistes » (Deipnosophistes) d’Athénée, au livre XIII. Athénée écrit au début du IIIe s. ap. JC, soit plus de six siècles après la belle hétaïre, qui a donc eu largement le temps de devenir un personnage légendaire. Voici la traduction de ce passage (accompagné, pour le plaisir, du texte grec) :
Phrynê était de Thespies. Mise en accusation par Euthias, elle échappa à la peine de mort. Furieux, Euthias ne plaida plus jamais, à ce qu’affirme Hermippos. Comme Hypéride, l’avocat de Phrynê, n’obtenait aucun résultat par ses paroles, et que les jurés allaient vraisemblablement la condamner, il la plaça bien en vue, déchira sur elle sa tunique et dénuda sa poitrine. Improvisant une péroraison pathétique à partir du spectacle qu’elle offrait, il fit en sorte que les jurés éprouvent la crainte des dieux, et que, s’abandonnant à la pitié, ils ne mettent pas à mort une prêtresse attachée au temple d’Aphroditê. A la suite de son acquittement, on fit passer un décret pour interdire aux défenseurs ce genre de mouvement pathétiques et aux accusés de l’un ou l’autre sexe de s’exposer ainsi aux regards pendant leur procès.
Ἦν δ’ ἡ Φρύνη ἐκ Θεσπιῶν. Κρινομένη δὲ ὑπὸ Εὐθίου τὴν ἐπὶ θανάτῳ ἀπέφυγεν · Διόπερ ὀργισθεὶς ὁ Εὐθίας οὐκ ἔτι εἶπεν ἄλλην δίκην, ὥς φησι ῞Επρμιππος. ῾Ο δὲ ῾Υπερείδης συναγορεύων τῇ Φρύνῃ, ὡς οὐδὲν ἤνυε λέγων ἐπίδοξοί τε ἦσαν οἱ δικασταὶ καταψηφιούμενοι, παραγαγὼν αὐτὴν εἰς τοὐμφρανὲς καὶ περιρήξας τοὺς χιτωνίσκους γυμνά τε τὰ στέρνα ποιήσας τοὺς ἐπιλογικοὺς οἴκτους ἐκ τῆς ὄψεως αὐτῆς ἐπερρητόρευσεν δεισιδαιμονῆσαί τε ἐποίησεν τοὺς δικαστὰς τὴν ὑποφῆτιν καὶ ζάκορον ᾿Αφροδίτης ἐλέῳ χαρισαμένους μὴ ἀποκτεῖναι. Καὶ ἀφεσθείσης ἐγράφη μετὰ ταῦτα ψήφισμα, μηδένα οἰκτίζεσθαι τῶν λεγόντων ὑπέρ τινος μηδὲ βλεπόμενον τὸν κατηγορούμενον ἢ τὴν κατηγορουμένην κρίνεσθαι.
En réalité, Phrynê était surtout belle dans ce qu’elle ne montrait pas. C’est pourquoi il n’était pas facile de la voir nue. Car elle s’enveloppait dans une tunique qui ne laissait rien voir de sa peau et ne fréquentait pas les bains publics. Lors de la grande fête des déesses d’Eleusis et celle de Poséïdôn, sous les yeux de tous les Grecs assemblés, elle défit son vêtement et dénoua ses cheveux, avant d’entrer dans la mer. C’est à partir d’elle que Apellês peignit son « Aphroditê sortant des flots ». Et que Praxitélês le sculpteur, qui était son amant, créa « l’Aphroditê de Knide ».
Ἦν δὲ ὄντως μᾶλλον ἡ Φρύνη καλὴ ἐν τοῖς μὴ βλεπομένοις. Διόπερ οὐδὲ ῥᾳδίως ἦν αὐτὴν ἰδεῖν γυμνήν· ἐχέσαρκον γὰρ χιτώνιον ἠμπείχετο καὶ τοῖς δημοσίοις οὐκ ἐχρῆτο βαλανείοις. Τῇ δὲ τῶν ᾿Ελευσινίων πανηγύρει καὶ τῇ τῶν Ποσειδωνίων ἐν ὄψει τῶν Πανελλήνων πάντων ἀποθεμένη θοἰμάτιον καὶ λύσασα τὰς κόμας ἐνέβαινε θαλάττῃ· καὶ ἀπ’ αὐτῆς ᾿Απελλῆς τὴν ᾿Αναδυομένην ᾿Αφροδίτην ἀπεγράψατο. Καὶ Πραξιτέλης δὲ ὁ ἀγαλματοποιὸς ἐρῶν αὐτῆς τὴν Κνιδίαν ᾿Αφροδίτην ἀπ’ αὐτῆς ἐπλάσατο
Sur la base de l’Erôs, qui se trouve au pied de la scène du théâtre, il écrivit :
« Praxitèle a représenté cet Erôs à partir de ce qu’il a éprouvé
Il en a tiré le modèle de son propre cœur
A Phrynê il m’a donné comme salaire de moi-même ; pour lancer un sort
Je n’ai plus besoin de jeter une flèche mais seulement un regard prolongé. »
καὶ ἐν τῇ τοῦ ῎Ερωτος βάσει τῇ ὑπὸ τὴν σκηνὴν τοῦ θεάτρου ἐπέγραψε ·
Πραξιτέλης ὃν ἔπασχε διηκρίβωσεν ῎Ερωτα,
ἐξ ἰδίης ἕλκων ἀρχέτυπον κραδίης,
Φρύνῃ μισθὸν ἐμεῖο διδοὺς ἐμέ. Φίλτρα δὲ βάλλω
οὐκέτ’ ὀιστεύων, ἀλλ’ ἀτενιζόμενος.
Il lui donna à choisir parmi ses statues, soit qu’elle désirât prendre l’Erôs, soit qu’elle préférât le Satyre de la rue des Trépieds. Ayant choisi l’Erôs, elle l’offrit au temple de Thespies. L’entourage de Phrynê fit faire sa statue en or et la plaça à Delphes sur une colonne en marbre du Pentélique. C’est Praxitèle qui réalisa cette œuvre. La voyant, Kratès le cynique déclara qu’il s’agissait d’un monument élevé à l’intempérance des Grecs. Sa statue, qui fut placée entre celle du roi Archidamos de Sparte et celle de Philippe, fils d’Amyntas, porte cette inscription : « Phrynê de Thespies, fille d’Epiklès », comme le dit Alketas dans le deuxième livre des « Offrandes de Delphes ».
᾿Εκλογὴν δὲ αὐτῇ τῶν ἀγαλμάτων ἔδωκεν, εἴτε τὸν ῎Ερωτα θέλοι λαβεῖν εἴτε τὸν ἐπὶ Τριπόδων Σάτυρον. Ἣ δὲ ἑλομένη τὸν ῎Ερωτα ἀνέθηκεν αὐτὸν ἐν Θεσπιαῖς. Αὐτῆς δὲ τῆς Φρύνης οἱ περικτίονες ἀνδριάντα ποιήσαντες ἀνέθηκαν ἐν Δελφοῖς χρύσεον ἐπὶ κίονος Πεντελικοῦ · Κατεσκεύασε δ’ αὐτὸν Πραξιτέλης. Ὃν καὶ θεασάμενος Κράτης ὁ κυνικὸς ἔφη τῆς τῶν ῾Ελλήνων ἀκρασίας ἀνάθημα. Ἕστηκε δὲ καὶ ἡ εἰκὼν αὕτη μέση τῆς ᾿Αρχιδάμου τοῦ Λακεδαιμονίων βασιλέως καὶ τῆς Φιλίππου τοῦ ᾿Αμύντου, ἔχουσα ἐπιγραφὴν « Φρύνη ᾿Επικλέους Θεσπική », ὥς φησιν ᾿Αλκέτας ἐν β’ περὶ τῶν ἐν Δελφοῖς ᾿Αναθημάτων.
Apollodôre dans son ouvrage sur «Les Hétaïres » écrit qu’il y eut deux Phrynè, dont l’une était surnommée « Rire en larmes » et l’autre « Petite Sardine ». Hérodikos, dans le sixième livre de « Personnages de comédie », prétend que l’une était appelée chez les écrivains le « Crible » parce qu’elle passait au crible et dépouillait ceux qui allaient avec elle, et que l’autre était la Thespienne. Phrynê était extrêmement riche et elle s’engagea à reconstruire les remparts de Thèbes, à condition que les Thébains y placent suivante : « Alexandre les a abattus, Phrynê l’hétaïre les a relevés », comme le raconte Callistratos dans son ouvrage sur « Les Hétaïres ». Timoclès, l’auteur de comédie, parle aussi de sa richesse dans sa « Néaïria » (…) et Amphis dans sa « Coiffeuse ». Gryllion, qui était l’un des membres de l’Aréopage, vivait aux crochets de Phrynê, comme l’acteur Satyros d’Olynthe à ceux de Pamphila. Aristogiton, dans son « Contre Phrynè », affirme que son véritable nom était Mnèsarétè. (…)
60. ᾿Απολλόδωρος δ’ ἐν τῷ περὶ ῾Εταιρῶν δύο ἀναγράφει Φρύνας γεγονέναι, ὧν τὴν μὲν ἐπικαλεῖσθαι Κλαυσιγέλωτα, τὴν δὲ Σαπέρδιον. ῾Ηρόδικος δὲ ἐν ἕκτῳ Κωμῳδουμένων τὴν μὲν παρὰ τοῖς ῥήτορσί φησιν ὀνομαζομένην Σηστὸν καλεῖσθαι διὰ τὸ ἀποσήθειν καὶ ἀποδύειν τοὺς συνόντας αὐτῇ, τὴν δὲ Θεσπικήν. ᾿Επλούτει δὲ σφόδρα ἡ Φρύνη καὶ ὑπισχνεῖτο τειχιεῖν τὰς Θήβας, ἐὰν ἐπιγράψωσιν Θηβαῖοι ὅτι « ᾿Αλέξανδρος μὲν κατέσκαψεν, ἀνέστησεν δὲ Φρύνη ἡ ἑταίρα », ὡς ἱστορεῖ Καλλίστρατος ἐν τῷ περὶ ῾Εταιρῶν. Εἴρηκεν δὲ περὶ τοῦ πλούτου αὐτῆς Τιμοκλῆς ὁ κωμικὸς ἐν Νεαίριᾳ (…) καὶ ῎Αμφις ἐν Κουρίδι. Παρεσίτει δὲ τῇ Φρύνῃ Γρυλλίων εἷς ὢν τῶν ᾿Αρεοπαγιτῶν, ὡς καὶ Σάτυρος ὁ ᾿Ολύνθιος ὑποκριτὴς Παμφίλῃ. ᾿Αριστογείτων δὲ ἐν τῷ κατὰ Φρύνης τὸ κύριόν φησιν αὐτῆς εἶναι ὄνομα Μνησαρέτην. (…)
L’auteur comique Posidippos affirme à son propos dans « L’Ephésienne » :
« Phrynê alors était de loin la plus illustre
Des hétaïres. Si tu es trop jeune
Pour ce temps-là, tu as sûrement entendu parler de son procès.
Considérée comme une très grave nuisance pour la vie des gens
Elle risquait sa tête devant le tribunal de l’Héliée
Alors elle prit chacun des juges par la main pour le supplier
Et, à force de larmes, elle finit par sauver sa peau.
Ποσείδιππος δ’ ὁ κωμικὸς ἐν ᾿Εφεσίᾳ τάδε φησὶν περὶ αὐτῆς ·
Φρύνη ποθ’ ἡμῶν γέγονεν ἐπιφανεστάτη
πολὺ τῶν ἑταιρῶν. Καὶ γὰρ εἰ νεωτέρα
τῶν τότε χρόνων εἶ, τόν γ’ ἀγῶν’ ἀκήκοας.
Βλάπτειν δοκοῦσα τοὺς βίους μείζους βλάβας
τὴν ἡλιαίαν εἷλε περὶ τοῦ σώματος…
καὶ τῶν δικαστῶν καθ’ ἕνα δεξιουμένη
μετὰ δακρύων διέσωσε τὴν ψυχὴν μόλις.