Les pas lents d’un homme qui marche Qui marche depuis longtemps, qui marche depuis toujours L’Exilé Le bruit de la mer sur le rivage Le bruit du sang sur les tempes Le bruit du temps L’Exilé marche vers son but Malgré tout, malgré nous Jusqu’au jour lointain où il l’atteindra Parmi nous malgré nous
L’article de Qobuzz m’apprend que, pensant à la crise des migrants, Richter a réorchestré « Singulière Odyssée », composé pour les chorégraphes du Nederland Dans Theater, et certains autres de ses morceaux anciens. Il a confié sa musique au Baltic Orchestra : celui-ci rassemble « des musiciens issus de pays entourant la mer Baltique, brisant les lignes des anciens blocs de l’Est et de l’Ouest, et qui jouent de mémoire, sans partition ».
Jack White retrouve ses Raconteurs après presque dix ans et s’apprête à sortir un nouvel opus, Help us Stranger, aux alentours du 20 juin.
Dan Auerbach s’est remis à enregistrer des morceaux pour les Black Keys. Leur album, Let’s rock, sortira aux alentours du 20 juin.
Cette coïncidence m’amuse. Je crois savoir que Jack White ne peut pas saquer Dan Auerbach qui, de son côté, s’était disputé à mort avec son alter pas tout à fait ego de Patrick Carney. Quant aux fans de Jack White, ils méprisent ceux des Black Keys, qui font semblant de s’en taper.
Sauf moi.
Moi, je me moque allègrement de l’ego surdimensionné de tous ces musiciens qui m’enchantent. Ce qui compte, c’est qu’à la fin de cette période de boulot intense, ils me râpent les oreilles aussi abrasivement les uns que les autres pour me les nettoyer de toutes les conneries institutionnelles que j’ai entendues dans cette fin d’année et de toutes celles mal révisées que je m’apprête encore à entendre.
C’est vraiment chouette d’avoir encore deux oreilles en état de marche : je vais pouvoir en prêter une (la droite) aux essentiels Black Keys, et une autre (la gauche) au groupe du génial Jack White. Le blues rock des frères ennemis se mêlera au centre exact de mon cerveau pour le broyer dans le même creuset régénérateur.
A eux deux, ils parviendront sûrement à le rendre à l’essentiel : l’énergie. Get me back on my feet, I’m gotta go oh oh oh!
En flânant sur Qobuzz, je tombe sur ce gracieux « Tota pulchra es » (inspiré, à ce que je comprends, par le Cantique des Cantiques).
Son auteur, Johannes de Lymburgia, vivait au tout début du XVième siècle, entre 1380 et 1430. Il venait du Limbourg, une province de l’actuelle Belgique, a été maître de chant d’une église de Liège mais s’est retrouvé quelques années plus tard en Italie, à Padoue (comme Guillaume Dufay, qui lui aussi venait de la France du nord). Pourquoi ? Etait-il comme d’autres Liégeois amoureux de la liberté et supportant mal le pouvoir autoritaire des ducs de Bourgogne, qu’il a fui jusque sous le soleil de l’Italie où se consacrer en paix à sa quête de la beauté du chant ? Ou bien se foutait-il totalement de la politique et était-il seulement assez connu pour que les riches prélats de l’Italie du Nord l’attirent dans leurs choeurs ?
Etait-il prêtre ? Ou laïc ? Un fidèle fervent de la vierge Marie, à laquelle il a consacré plusieurs motets, ou un artiste ne trouvant dans son culte que l’occasion de faire sublimement dialoguer les voix masculines et les voix féminines ? Qu’y avait-il dans l’esprit et le coeur de cet homme placé entre le Moyen-Age et la Renaissance?
Je lis qu’un manuscrit comportant nombre de ses partitions se trouvait dans une bibliothèque de Bologne. Mais que l’encre, abîmée par les essais de restauration des siècles passés, en était devenu si difficilement lisible qu’il a fallu utiliser les connaissances les plus pointues des musicologues et les techniques les plus modernes de l’informatique pour parvenir à le lire de nouveau. Tout à la fin de la chaîne, le multi-instumentiste Baptiste Romain et son ensemble, Miroir de Musique, en proposent aujourd’hui un enregistrement inspiré. J’aime cette alliance entre la science et l’art pour nous faire entendre dans sa pureté ce chant né il y a sept siècles.
Qu’est-ce que c’est beau !
Je regrette de n’avoir pas assez de connaissances pour apprécier l’originalité de ce musicien qui reste mystérieux. Il me touche simplement par son évidence. Par ces harmonies entre les voix de femmes et les voix d’hommes et le dépouillement presque grêle des instruments qui les accompagnent.
On n’a conservé que la musique religieuse de Jean de Limbourg. Si je devine une foi encore médiévale dans le Kyrie, il me semble discerner (je peux me tromper, je n’y connais rien) une élégance déjà presque profane dans le Salve Virgo Regia.
I.Sortie du trou noir pour émerger enfin dans le calme d’un matin d’écriture.
II.La rencontre des deux innocents et du corbeau idéologue
Dans « Oiseaux petits et grands », Toto et son fils spirituel, Ninetto, sont deux pauvres diables, c’est à dire, aux yeux de Pasolini, les seuls anges qui vaillent. Ils marchent pour aller dieu sait où le long d’une autoroute en construction symbolisant l’Italie moderne. Jusqu’à ce qu’ils entendent un étrange appel. C’est un corbeau qui parle, avec la voix de Pasolini, évidemment, puisque ce corbeau est un intellectuel de gauche. Ce bavard volatile vient du pays d’Idéologie et niche le plus souvent rue Karl Marx. Cela fait bien rigoler les deux pauvres bougres, qui eux habitent depuis toujours le pays de la déveine. Le corbeau va alors leur raconter une étrange histoire pour leur faire comprendre comment, dans les temps de vraie foi, deux malheureux innocents comme eux pouvaient être appelés à la plus noble et à la plus folle des missions. Et aujourd’hui ? Que reste-t-il comme place aux incarnations de l’esprit populaire ?
Je découvre avec stupéfaction le début de ce film, l’autodérision et la fantaisie dont Pasolini, que je croyais sinistre, pouvait être capable. Ce film de 1966 a cinquante ans cette année. Et si c’était cet Uccellacci et Uccellini, plus que Théorème, Salo ou Œdipe Roi qu’il nous laissait en héritage ? Pourrait-on ne serait-ce que rêver un film comme ça aujourd’hui, qui exprimerait sous la forme d’un road movie picaresque nos interrogations intellectuelles les plus profondes ?
III.Même lorsqu’elle me parle d’études scientifiques parues sur les oiseaux, la voix rauque de Jean-Claude Ameisen parvient à m’intéresser. Cette semaine, par exemple, elle m’apprend que les canaris, deux fois par an, voient leur chant s’appauvrir et se déliter les neurones qui l’avaient cristallisé dans leur mémoire. Mais c’est pour que de nouvelles cellules souches leur permettent bientôt d’en répéter un nouveau en vue de la prochaine période des amours. Il faut oublier un peu pour pouvoir réinventer. Oh être un canari, tuitititititui !
IV. « Le temps où l’être humain est comme un papillon qui sort de sa chrysalide religieuse. » Abdenour Bidar, L’islam sans soumission.
V.Mon nouveau projet m’amène à me replonger dans les années 80, et à retrouver quelques pépites, comme ce « Nice’n’sleazy » des Stranglers et la ligne de basse pétante de JJ Burnel, l’irascible dandy qu’admire tant mon petit rocker à lunettes.
VI. Demain
Je tombe par hasard sur la présentation que fait Cyril Dion du documentaire qu’il a tourné avec Mélanie Laurent. Il dit : « J’ai commencé à écrire le film en décembre 2010. A l’époque je me disais qu’annoncer les catastrophes ne suffisait plus. Il fallait proposer une vision de l’avenir. Chacun a besoin de se projeter, un peu comme quand les gens rêvent de leur nouvelle maison et font des plans chez l’architecte. Or, les plans d’architecte de la société de demain n’existaient pas. Ma première intention était de les mettre en images dans un film. Mais j’avais trop d’activités différentes pour sérieusement m’y atteler. En juin 2012, j’ai fait un burn out. Un mois plus tard, j’ai découvert la fameuse étude d’Anthony Barnosky et Elizabeth Hadly. Jamais une étude ne m’avait fait un pareil effet. Mon propre effondrement rencontrait l’effondrement programmé de la société. Je me suis dit qu’il était temps de faire ce qui comptait le plus pour moi et de mettre ce film sur les rails. J’ai démissionné de mon poste chez Colibris et j’ai commencé à y consacrer la plupart de mon temps. »
Deux idées me vont droit au coeur. D’abord évidemment le projet de trouver des solutions, d’essayer de « dessiner les plans d’architecte de la société de demain », parce que je ressens comme beaucoup de l’angoisse et de la colère face à l’aveuglement suicidaire de notre développement. Mais aussi cette coïncidence qu’il note entre la crise personnelle et la crise collective (elle m’intéresse en tant que romancier, parce qu’il me semble qu’elle est à la base de la création d’un personnage romanesque, lorsque son destin personnel est en lien symbolique avec le destin de son époque).
Et même une troisième idée : dans ma vie aussi penser à « demain », passer à autre chose. Peut-être ce documentaire sur notre destin collectif est-il aussi chargé de m’envoyer un signe personnel?
Promis, demain je vais voir « Demain ». Je verrai bien si c’est cucul ou pas.
I. Broyer du noir pour en faire des images apaisées, au cinéma c’est possible.
Back Home (Louder than bombs)
Le père ne parvient plus à parler à ses deux fils, ni à dépasser l’idée que sa femme allait le quitter. Le fils ainé, le personnage apparemment le plus équilibré, professeur brillant et jeune père de famille, ment à tout le monde, notamment à sa jeune femme. Le fils cadet, un ado geek, est amoureux d’une sportive de son école et lui écrit le récit déjanté de sa propre vie. La mère, une journaliste de guerre mondialement célèbre, s’interroge sur la contradiction entre sa mission de témoigner du monde et son envie d’être back home, où les gens qu’elle aime et qui l’aiment ont appris à vivre sans elle. Elle s’interroge mais elle est morte trois ans auparavant dans un accident de voiture qui pourrait être un suicide, continuant de hanter son mari et ses deux fils.
Une histoire de deuil, et pourtant rien dans cette histoire qui soit sinistre. Car chacun va apprendre à accepter le passé et à faire un pas vers les autres. Joachim Trier, l’auteur du poignant et mélancolique « Oslo 31 août, explore avec « Back Home » l’autre face de la mort, non plus l’avant mais l’après, du côté de ceux qui restent. La construction de ce second volet du diptyque est exactement à l’opposé du premier : on ne suit pas un seul personnage au fil de sa dernière journée, mais quatre, dans une sorte de puzzle intérieur. C’est aussi beau, aussi délicat, et encore plus profond.
II.Broyer du noir en rêve aussi.
Le contenu de celui qu’il me raconte n’est pas très clair (il se trouve dans un train en partance vers l’URSS et il écrit des SMS) mais le message en est si insistant, me dit-il, qu’il se réveille en plein milieu de la nuit : « Rassure-toi, elle est saine et sauve, elle t’a écrit pour t’expliquer. » Dès les premières secondes, il ne comprend plus rien à ce scénario stupide, qui mélange les époques (celle de l’URSS et celle des SMS n’ont en commun que leur dernière lettre) et qui n’a strictement rien à voir avec leur relation. Pourtant, il se lève et il allume son ordinateur. Effectivement, elle lui a écrit. Un mail de rupture. Il pleure. De tristesse mais aussi de soulagement, parce qu’elle est vivante. Soudain, il retrouve exactement le sentiment de son rêve : ce n’est pas elle qui se trouve en danger au loin, au contraire c’est lui qui, à la fois affreusement triste et intensément soulagé, doit partir en exil de l’autre côté du rideau de fer de la séparation. Il savait depuis le début que ce jour-là viendrait où il serait rendu à son âge.
III.Broyer des corps, les nier.
Ceux des statues dénudées de Rome que l’on cache pour la visite du président iranien et ceux des femmes allemandes tripotées par des demandeurs d’asile en goguette ou en opération commandée à Cologne -scandale dérangeant pour les bonnes consciences progressistes comme la mienne, et dont l’article de Kamel Daoud et la pétition de « Femme et libre » m’aident à saisir les résonances. Décidément, comme du temps de Praxitèle et de Phrynè, le corps, notamment celui des femmes, pose toujours problème. Dans ces temps de retour du religieux et du refoulement, le corps des femmes pose de plus en plus problème. C’est à travers le corps, le nôtre mais surtout le leur, que passe la frontière entre l’Orient et l’Occident. Serait-ce parce que le corps nu, le corps libre n’est pas en soi respectable, qu’il peut être tripoté et qu’il doit être caché ?
Mais je crois que nous aurions tort de nous indigner de cette allégeance vaticane à la vision pudibonde du président chiite. Il s’agit simplement d’une marque d’hospitalité, qui, n’en doutons pas, sera réciproque. Il est certain que, lors du voyage prochain du Pape ou du président français à Téhéran, les autorités iraniennes s’empresseront, afin d’éviter que le regard de leur hôte ne soit heurté par une conception dégradante de la femme, de faire enlever les tchadors qui dissimulent honteusement les corps dans les rues de leur capitale.
IV. Marc Ferro : «Dans les prisons d’aujourd’hui, on sait que certains imams persuadent des délinquants qu’ils peuvent se réhabiliter en servant la cause de l’islamisme. Vaincus de l’histoire sociale, ces délinquants deviennent des héros virtuels. »
Cette remarque de l’allègre nonagénaire, au détour d’une interview, m’aide à passer de l’autre côté, et à saisir les motivations de ces terroristes que j’ai envie de considérer comme des monstres : leur échec ici, le sentiment d’humiliation, ils le compensent là-bas, se donnant l’illusion d’être des héros.
Elle m’aide aussi à saisir l’oeuvre de mort de nazislamistes : broyeurs des âmes que nous laissons à l’abandon, ils en font de l’obtuse chair à canon.
V .Broyer du noir pour en faire de la musique.
Ce qu’on commence à lire ici et là sur la mort de David Bowie est fascinant. Il s’était retiré sans faire de bruit depuis le début des années 2000, comme s’il donnait au public une première version de sa mort : la disparition silencieuse. Se découvrant atteint par le cancer, puis condamné, il décide d’en donner une deuxième version, plus réussie artistiquement, qui serait, non pas seulement un dernier retour mais la mise en scène impeccable du départ. L’explosion finale de la rock star en super nova. Double explosion : la comédie musicale « Lazarus » et le dernier album, « Black Star », dont tout le monde a pu remarquer qu’il était sorti quelques jours à peine avant l’annonce de la disparition de l’artiste et qui est devenu grâce à ce timing funèbre numéro 1 des ventes. Il y a là le projet fou d’intégrer la mort à son parcours artistique, d’en faire un ultime acte de création. Même le cancer, Bowie a réussi à en faire un producteur inspiré, même la camarde a été embauchée dans son équipe marketing.
Mais ce qui est beau, c’est que cette mort créative ressemble à sa vie. Depuis toujours, depuis son surgissement en Ziggy Stardust, Bowie se créait des personnages. Le dernier n’est pas le moins étonnant : son propre fantôme.
Faire de son agonie un sujet d’inspiration, mais pour la transformer jusqu’au bout en images poétiques et en sons.
Parmi les morts rocks, les plus marquantes étaient jusque là celles des stars adolescentes et junkies qui se crashent dans la carlingue de leurs propres excès à l’âge de 27 ans. Bowie en invente une autre, à 69 ans, tout aussi rebelle : le trépas maîtrisé de celui qui se projette lui-même dans les étoiles en blue bird.
Oh I’ll be free
Just like that bluebird
Oh I’ll be free
Ain’t that just like me
Il sera difficile de faire plus fou.
Il sera difficile de faire plus fort.
VI.Broyer du noir depuis plusieurs générations.
A table, comme du temps de l’enfance de Charles, son père évoque la légende familiale, et notamment la figure héroïque de son propre père, François. Le grand-père de Charles, dont il se souvient très bien, qui aurait été l’arrière grand-père de ses enfants (ils ne l’ont jamais connu mais ils ont l’air curieux de découvrir cette figure pittoresque). Puis, pour une fois, la conversation dévie et remonte encore une génération, pour se fixer sur une figure méconnue, sur le père de ce grand-père, un certain Armand, qui était quelque chose comme chef d’équipe à la SNCF dans les années 1920. Malgré les brusques réticences de sa mère, qui tente de faire taire son père, «on ne parle pas de lui, il est mort alors que ton père n’avait que sept ans, il ne s’en souvenait même pas, c’est hors de propos, ça n’est pas le sujet », la vérité finit par surgir : Armand s’est suicidé, par pendaison. Comment ce drame aurait-il pu ne pas marquer l’enfant ? Et même le père de Charles (la conscience familiale de chacun d’entre nous s’étendant à deux générations) ? Cet Armand, s’il s’est suicidé alors que son fils avait sept ans, c’était en 1918. Pourquoi ? Par dépression personnelle ? Parce qu’il avait fait la guerre et qu’il en était revenu traumatisé comme tant d’autres? La réaction de la mère de Charles est symptomatique de ce qui a pu se dire dans la famille : un black out opéré sur la mémoire du suicidé, même deux générations après, d’abord parce qu’on n’avait pas la distance de s’interroger tellement il fallait cacher et qu’ensuite on a oublié ce sur quoi il fallait s’interroger. Charles, qui n’a jamais connu cet homme, qui ne se sent plus lié à lui, n’est-il pas le premier à pouvoir se poser la question : qui était Armand ? Pourquoi a-t-il décidé de se tuer ? Qu’avait-il vécu pour avoir envie de mourir ? Comment avait-il rencontré sa femme, l’arrière grand-mère de Charles ? Quels avaient été les évènements marquants de sa vie ?
A la troisième génération ramener à la lumière celui qui broyait du noir.
VII.Les Ombres
Coup de cœur pour cette BD sombre et lumineuse sortie il y a plus d’un an. Le Grand Frère et sa Petite Sœur, chassés par les cavaliers de la guerre, tentent de passer du Petit Pays vers le Haut Pays, et de franchir les frontières et les déserts. Ce conte, enfantin et cruel, dit mieux qu’un essai ce qu’est l’ambiance actuelle de l’Europe.
Vincent Zabus l’a d’abord inventé sous la forme d’une pièce de théâtre. Puis il en a fait un scénario, qu’il a confié au dessin magique d’Hippolyte. Ce dessin transcende tout, il dit l’enfance, la drôlerie, la cruauté, le rêve, il fait voir les ombres vivantes des morts qui nous entourent et palpiter les sirènes rieuses dans les gouffres de la mer. Il broie du noir pour faire vibrer les couleurs.
VIII.Sous le ventre noir du cafard.
IX.Broyer du noir amoureux pour en faire de la lumière apaisée. C’est possible dans la vie aussi?
Depuis que je recueille ses confidences, je vois ce type fin mais un peu rude s’épurer. Ouvrir les mains, me dit-il, et les barreaux de la cage pour laisser l’autre s’en aller, puisque la relation que l’on a avec lui ne lui apporte plus assez. Le laisser prendre son envol, dans un geste à la fois faux (parce qu’il nous coûte) et totalement juste (parce qu’il nous permet d’atteindre à une générosité dont nous nous pensions incapable).
Quand le noir sera remâché, peut-être qu’il ne restera plus que le souvenir lumineux d’une belle histoire ?
Mais oui, bien sûr, ça commencera comme ça. Par un retour aux sources!
II.Se blottiner : se blottir contre une poitrine fleurie pour y butiner le futur miel du plaisir.
Et puis aussi y potiner, en mangeant des tartines (ou des pains au chocolat).
III.Une seule règle :
NE JAMAIS SE RELIRE
(avant d’être allé au bout du premier jet)
IV.Il a envie de tout envoyer promener, celle qui le trahit sans oser le lui dire, ses enfants qu’il adore, ses projets qui lui pèsent. Sur un coup de tête, il cherche le numéro de la CGM et, d’une traite, il propose à la personne qui décroche de le laisser s’embarquer sur un cargo, où il payera son tour du monde en déchargeant dans chaque port les containers. C’est surtout ça, qui l’attire, non pas le voyage, mais le travail du docker, pour tout oublier. Retour à ses sources actives. A Jack London. Son interlocutrice, une dame peut-être un peu âgée, éclate gentiment de rire : on n’est plus au XIXe, cher monsieur, mais au XXIe, elle comprend très bien son projet romantique mais non, impossible de travailler pour payer sa traversée ; en revanche, il pourrait louer une cabine libre, il en reste parfois.
Alors qu’il s’enfonçait dans la déprime, elle le rappelle quelques jours plus tard : lui propose les Antilles 14 jours, ou Buenos-Aires, 45 jours. Il choisit les Antilles, parce que c’est la première fois qu’il fait ce genre de choses. Et puis il n’est pas sûr qu’il pourra laisser tomber ses enfants plus longtemps, ou plutôt qu’il pourra vivre plus longtemps sans eux. Quant à elle, il ne sait pas. Il lui dit seulement qu’il s’en va, pendant quinze jours, sans lui dire où. Elle le regarde avec curiosité, elle lui pose une ou deux questions mais elle n’insiste pas. Il en est soulagé et déçu. Il paye sa cabine mille euros mais il laisse son ordinateur et son téléphone chez lui. Juste de quoi lire et de quoi écrire à la main. Pour cela au moins il pourra se sentir revenu au XIXe siècle.
Personne ne sait qu’il s’est embarqué. Personne au monde ne peut le joindre pendant quinze jours.
Il mange à la table des officiers, avec lesquels il sympathise.
Il regarde la mer. Il se perd dans le spectacle de la mer. Il se retrouve.
Le plus bizarre, c’est qu’il ne s’ennuie jamais.
Quand il arrive aux Antilles, il passe deux jours sur la plage, mais il se sent totalement déplacé. Autant qu’il se sentait replacé face à la mer. Alors, fidèle à son projet de retour aux sources, il s’interdit de téléphoner mais il se hâte de rentrer. En avion cette fois. Il a laissé grandir en lui le désir fou de les revoir, et de la retrouver elle. Il se demande s’il leur a manqué autant qu’ils lui ont manqué. Il se demande s’il a bien fait de la laisser éprouver pendant quinze jours ce que serait vraiment la vie sans lui, et pas cette existence misérable où l’on vit l’un à côté de l’autre en rêvant de quelqu’un d’autre.
Lui, il a bien fait.
Se perdre et se retrouver face à la mer : pas exactement la même chose que de décharger des containers sur un port, mais presque aussi intense. Ce serait comme décharger tous les containers inutiles pour se trouver réduit à son essentielle coque.
V.Léonardo Dicaprio au Forum économique de Davos. Après avoir fait exploser la folie du libéralisme dans l’inénarrable The Wolf of Wall Street, il l’exprime ici en mots.
Peut-être dommage qu’on soit obligé de confier à des acteurs le souci d’être la conscience de la planète, mais ce qu’il dit est bien dit. Et c’est jubilatoire qu’un type se serve de sa notoriété pour s’introduire dans le bunker doré de Davos et dire leur fait aux insensés surprotégés qui nous gouvernent.
VI.QUOI, TU NE T’ES PAS ENCORE LANCE ?J’AI DIT « NE JAMAIS SE RELIRE » ! N’OUBLIE PAS QUE JE TE SURVEILLE ET QUE SI TU CONTINUES A TE SURVEILLER TU VAS AVOIR AFFAIRE A MOI !
VII.La cour de Babel
J’aime regarder mes élèves regarder les élèves de ce documentaire.
VIII.Oh ce matin, un peu de neige dans le jardin !
J’ai envie de dire : comme avant ! Mais je ne suis pas sûr que les habitants de Washington partageraient ce sentiment de nostalgie.
IX La visite de la vieille dame
Là aussi, retour aux sources pour Omar Porras et son Teatro Malandro : ils montent pour la troisième fois depuis le début de leur histoire en 1993 la pièce de Dürrenmatt. Ce qui me permet de la découvrir. Et je suis complètement bluffé (comme d’habitude) par le travail jubilatoire du maître colombien. La pièce est une satire grinçante (mais peut-être un peu vieillie ?) des valeurs humanistes brandies par ce village suisse emblématique de l’Europe, et par les garants de ses institutions, le maire, le prêtre, le policier, le maître d’école (je dis « peut-être un peu vieillie » parce qu’aujourd’hui on se sent plus le besoin de restaurer ces institutions que de les dézinguer).
Mais Porras, par l’inventivité de sa mise en scène, le travail sur le masques, la gestuelle, la musique, les lumières, l’élégance des changements de décor, l’emmène dans une autre direction : une farce rythmée, lumineuse, et cauchemardesque, celle d’un état très actuel du monde, où l’argent achète tout et où les médias ne sont plus les dupes mais les co-organisateurs de ce dévoiement généralisé des valeurs (si Porras passe du rôle de la Vieille Dame à celui du Journaliste, n’est-ce pas pour nous dire qu’il s’agit de la même instance à l’œuvre ?). Cette claudicante et hiératique Vieille Dame, dont le corps n’est plus qu’un assemblage de prothèses et dont ne reste intacte que la volonté vengeresse de « transformer le monde en bordel », ne devient-elle pas une allégorie du capitalisme, agonisant depuis des décennies mais qui va se révéler encore capable de précipiter sous nos yeux le monde à sa perte ?
En plus, c’est drôle. D’où les applaudissements assez surprenants, le soir où j’ai vu la pièce au Théâtre 71, de la partie la plus adolescente du public, lorsque le malheureux Ill se fait abattre sur scène ? Une réaction d’adhésion à l’ordre instauré par la Vieille Dame qui m’a déconcerté, c’est le moins qu’on puisse dire.
X. Une fille qui chante seule dans la cour de récréation.
XI. Leïla Alaoui s’était rendue à Ouagadougou pour réaliser un documentaire sur les violences faites aux femmes en Afrique, à la demande d’Amnesty International. C’est là qu’elle a été tuée, dans l’attentat du 15 janvier.
Elle était une photographe très prometteuse. Elle avait 33 ans. Née à Paris d’un riche homme d’affaire marocain et d’une photographe française, elle avait fait ses études à New York. Sans doute aurait-elle pu se contenter d’appartenir à une sorte de jet-set. Mais son oeuvre révélait un regard très engagé et beaucoup de sensibilité, notamment au thème des migrants et des frontières. Une volonté affirmée de ne pas oublier ses origines et de lutter contre le néo-colonialisme pour témoigner sur son temps. Une femme libre, intelligente, artiste, qui se situait aux points d’intersection entre les deux cultures et qui avait quelque chose d’incisif à dire sur les deux : même si elle n’était sans doute pas une cible délibérée, tout ceci lui faisait quand même beaucoup de raisons d’être tuée par les islamistes.
De l’un de ses derniers projets, « Les Marocains », encore exposé à Paris le jour de sa mort, elle écrivait : « Les photographes utilisent souvent le Maroc comme cadre pour photographier des Occidentaux, dès lors qu’ils souhaitent donner une impression de glamour, en reléguant la population locale dans une image de rusticité et de folklore et en perpétuant de ce fait le regard condescendant de l’orientaliste. Il s’agissait pour moi de contrebalancer ce regard en adoptant pour mes portraits des techniques de studio analogues à celles de photographes tels que Richard Avedon dans sa série “In the American West”, qui montrent des sujets farouchement autonomes et d’une grande élégance, tout en mettant à jour la fierté et la dignité innées de chaque individu. »
Leïla Alaoui était belle, et ceci contribue sans doute à notre émotion. Sur certaines photos, elle a même un air de star de cinéma glamour. Je préfère celle-ci, où l’on voit la photographe poser à côté de son œuvre.
Je la rapproche d’un portait de Marocaine pour m’interroger sur ces deux images de femmes, l’artiste et son sujet.
D’un côté une femme moderne, occidentalisée, et de l’autre une femme traditionnelle. N’y aurait-il pas un point commun : ne ressent-on pas chez les deux une même fierté, celle dont l’artiste nous parle dans la présentation de son exposition ?
De Bernard Maris à Leila Alaoui : ces terroristes ne détruisent pas seulement ce qu’il y a de plus digne dans notre culture, mais aussi dans la leur. Ce doit être ça, le but : un monde dans lequel ne resteraient plus que les brutes d’un camp et de l’autre, face à face. Donald Trump face à Abou Bakr Al-Baghdadi : le monde de l’intelligence et de l’ouverture dont on rêve.
II.Sandrine Kiberlain : «Instinctivement je vais chercher les ruptures, l’extravagance, la folie du personnage. Ce qui va le différencier. On est tous unique, chacun à notre manière et je veux faire du personnage quelqu’un d’unique. »
III. Fou à lier
IV.En 1958, Jimmy Mellaard est l’archéologue le plus célèbre du monde, le plus arrogant aussi. Il a participé aux fouilles de Jéricho et découvert à lui tout seul le site de Catalhöyük en Anatolie. On dit de lui qu’il a un instinct, une sorte de prescience qui fait qu’il devine si un monticule cache une ville enfouie et où il faut creuser exactement pour la trouver.
Ce jour-là, il voyage en train vers Izmir, lorsque une jeune femme inconnue entre dans son compartiment. Il lui jette un coup d’oeil, et la trouve belle, bien qu’assez vulgaire. Pourtant, elle arbore un bracelet en or que l’archéologue ne peut manquer de regarder avec un peu plus d’attention, parce qu’il lui rappelle ceux découverts sur le site de Troie ! La belle lui dit qu’elle s’appelle Anna et que des bijoux de ce genre, elle en a plein chez elle : sa famille les a découvertes une trentaine d’années auparavant dans deux tombes situées près du village de Dorak, dans le nord de l’Anatolie. Elle veut bien l’emmener chez elle et lui montrer les objets. Des bijoux, des armes, dont l’une couverte de hiéroglyphes, que ce fin connaisseur de l’Egypte déchiffre aisément et qui lui permettent de dater le trésor du 23ième siècle avant JC. La mystérieuse Anna le laisse volontiers dessiner les merveilles pendant trois jours mais elle refuse obstinément qu’il les photographie…
C’est le début de la rocambolesque affaire de Dorak. Soit une invention pure et simple de Mellaard, soit une arnaque : un plan monté par des escrocs pour faire authentifier par un archéologue reconnu des pièces volées et pouvoir les revendre à un riche collectionneur. Elle vaudra finalement au trop imaginatif homme de science d’être expulsé de Turquie et de voir sa carrière si brillamment commencée s’achever dans des controverses lamentables. S’il s’agit d’un piège, qui le connaissait assez pour savoir que c’était à lui qu’il fallait le tendre, parce que ce découvreur de trésor serait assez sûr de son génie pour faire passer son intuition avant sa raison et assez orgueilleux pour ne jamais reconnaître qu’il avait été floué ?
V. La Lectrice n’est pas sûre que La première femme nue, dans son exploration du féminin, ne reste pas prisonnière du regard masculin de l’auteur et je peux difficilement lui donner tort. Elle se demande dans quel texte lire l’abandon vrai du plaisir féminin, qui n’est jamais garanti, qui ne va jamais de soi, qui oblige la femme moderne à se livrer à quelques archaïques contorsions, aussi exaltantes qu’humiliantes (mais il ne serait quand même pas très subtil de les trouver vraiment humiliantes).
Anaïs Nin ?
Pauline Réage ?
Mais où le trouvera-t-elle vraiment, ce fameux texte, la subtile lectrice, sinon dans son livre intérieur ? Celui très surprenant que l’on écrit tout en cherchant à le déchiffrer ?
VI. Le vagabond des rêves
Karamakate est un chaman puissant, un remueur-de-mondes. Il vit seul dans la jungle d’Amazonie, séparé de son peuple depuis une attaque meurtrière des soldats colombiens. Un jour du temps en dehors du temps (ou bien était-ce en 1909 ?), il reçoit la visite d’un Indien habillé à l’européenne, qui lui amène sur sa pirogue un explorateur allemand malade. Karamakate accepte de mener l’étranger vers la plante magique, qui seule le soignera en lui redonnant le rêve. Ils descendent le fleuve comme le cours du temps, aux embranchements multiples. L’un d’entre eux mène le chaman quarante ans plus tard vers un deuxième explorateur, qui est peut-être un autre, et peut-être aussi le même, c’est à dire l’incessante incarnation de l’homme blanc détruisant le monde parce qu’il croit qu’il faut le posséder. Celui-là aussi cherche la plante. Le chaman comprend qu’il ne faut pas le soigner, mais l’enseigner. Une nuit, il lui dit : « Chez les Indiens, le jeune homme devient un guerrier lorsqu’il accepte de se laisser guider. Il part seul, sans rien, dans la forêt, en silence. Il devient un vagabond des rêves, jusqu’à ce qu’il ait trouvé qui il est vraiment. Alors seulement il peut revenir. »
C’est dans El abrazo de la serpiente, L’étreinte du serpent, le film du colombien Ciro Guerra. Un périple initiatique qui déroule ses anneaux à la limite de la fiction et du documentaire dans un noir et blanc envoûtant.
VII. Et moi aussi, j’ai hâte de pouvoir partir de nouveau à la recherche du trésor!
Oh seigneur, cela fait cent années de jeûne et de prière épargne-moi mon chant est pour toi mon silence est pour toi
j’ai cru, j’ai lutté épargne-moi et accorde-moi une dernière requête
épargne-nous et laisse-nous tranquille.
Bachar Mar-Khalifé est un pianiste et percussionniste d’origine libanaise. Son troisième album, « Ya Balad », est annoncé pour le 2 octobre. J’ai écouté ce premier extrait, « Kyrie Eleïson », cet après-midi par hasard à la radio. J’en suis resté bouche bée. Et ce soir, en lisant les paroles, je le trouve encore plus beau.
La rencontre improbable entre les mots de Gilles B. Vachon, vieux sage qui médite désormais après bien des détours sur les hauteurs grenobloises de son Gange intérieur, et la musique d’Antoine Colonna, jeune chat efflanqué qui strie de son énergie les nuits technos de Lyon et d’ailleurs.
Rencontre improbable et donc efficace. Car seuls les mélanges sont explosifs.
Stupeur et tremblement 20ième. J’aime la façon dont la musique ici soutient et amplifie la profération poétique sans l’annihiler, partant avec elle d’un simple moment banal du quotidien (une file d’attente devant un cinéma) pour se projeter dans les nuages de la vision cosmique, avant l’inévitable redescente.
Un petit coup de pub gratuit pour Monsanto et Starbucks, de la part de ce cher vieux hippy de Neil Young et de ses nouveaux petits camarades de Promise of the Real.
If you don’t like a rock star bucks a coffee shop Well you better change your station cause that ain’t all that we got Yeah, I want a cup of coffee but I don’t want a GMO I like to start my day off without help of Monsanto Mon-san-to, let our farmers grow What they wanna grow
Si tu n’aimes pas qu’une rock star tape sur une chaine de cafés Il vaut mieux que tu changes de station parce que c’est pas la seule que nous ayons Je veux bien une tasse de café mais je veux pas d’OGM J’aime bien commencer ma journée sans l’aide de Monsanto Mon-san-to laisse nos paysans semer Ce qu’ils veulent! From the fields of Nebraska to the banks of the Ohio Farmers won’t be free to grow what they wanna grow If corporate control takes over the American farm With fascist politicians and chemical giants walking arm in arm Mon-san-to, let our farmers grow What they wanna grow
Des champs du Nebraska aux berges de l’Ohio Les paysans ne seront pas libres de semer ce qu’ils veulent Si la grande industrie prend le contrôle des fermes américaines Avec des politiciens fascistes et des géants de la chimie marchant bras dessus bras dessous Mon-san-to laisse nos paysans semer Ce qu’ils veulent!
When the people of Vermont voted to label food with GMOs So they could find out what was in what the farmer grows Monsanto and Starbucks grew the Grocery Manufacturers Alliance It sued the state of Vermont to overturn the people’s will Monsanto — and Starbucks — mothers want to know What they feed their children Mon-san-to, let our farmers grow What they wanna grow
Quand le peuple du Vermont a voté un label pour la bouffe OGM Afin que l’on sache ce qu’il y avait dans ce que semaient les paysans Monsanto et Starbuck ont semé l’Alliance des Industries de l’Alimentation Et elle a fait un procès à l’état du Vermont pour rejeter la volonté du peuple Monsanto -et Starbucks- les mères ont envie de savoir Ce qu’elles donnent à leurs enfants Mon-san-to, laisse nos paysans semer Ce qu’ils veulent!
L’ensemble de l’album, « Monsanto Years », dépote bien. Du bon vieux rock bien électrique, bien carré, bien accrocheur, bien engagé. Sorti tout droit, pour mon plus grand bonheur, des années 70. Dans les ballades, par exemple la belle « Wolf Moon », la voix du Loner a plus que tendance à déraper, mais ce n’est pas grave, ça fait plaisir de voir comme ce septuagénaire est toujours sur la brèche. Et comme la perspective de la grande bagarre à mener contre les marteaux de l’industrie pour défendre la fragile maison commune a l’air d’avoir resserré son énergie. Autre protest song à écouter en boucle en allant aux manifs cet hiver lors de la COP21, la chanson qui donne son titre à l’album : « The Monsanto Years » (j’adore la façon dont, dans toutes ces chansons, il fait sonner avec une ironie lyrique le beau nom honni de Monsanto). Ce qui prouve qu’armé de bons sentiments, on ne fait pas toujours de la mauvaise musique…
(PS : la traduction a été établie avec l’aide de Mlle Manon Murray, que je remercie chaleureusement. Etant donné que, d’après mes souvenirs, elle n’aime que Britney Spears, elle a dû être surprise d’aider son vieux professeur de français à traduire du Neil Young. Comme quoi la pratique des langues mène à tout. Comme quoi aussi, contrairement à ce qu’on dit, les jeunes d’aujourd’hui sont plein de bienveillance envers les papis…)