Le drapeau

Il y a quelques années, j’aurais sûrement pensé que ce drapeau marquait l’appartement d’un nationaliste du FN et j’aurais haussé les épaules. Aujourd’hui j’éprouve une certaine sympathie pour cet emblème coloré discrètement perdu sur la façade d’un immeuble sombre, qui me ramène à une année de violences et de remises en question. C’est l’un des paradoxes de 2015 que les deux attentats commis par des gens qui haïssent ce symbole ont contribué plus efficacement à nous le rendre que n’auraient pu le faire les tirades de ceux qui prétendent l’aimer.

Si j’étais pessimiste, je me demanderais combien de fois il nous faudra le ressortir en 2016.

Comme je suis constructif, je préfère me dire : maintenant que nous nous sentons de nouveau attachés à notre drapeau, à notre hymne, à notre devise, « Liberté, égalité, fraternité », qu’allons-nous en faire, pour qu’ils ne restent pas des symboles et des mots creux, un bout de chiffon dérisoire accroché à une façade d’immeuble, mais qu’ils veuillent dire vraiment quelque chose ?