Samedi 07 septembre 19
Ce matin, le citoyen Lambda va au marché avec sa femme et sa fille : dans leur cabas, ils ont fourré des sacs en tissu réutilisables, ils rapportent les sacs en papier et en plastique de la semaine dernière. La plupart des marchands acceptent volontiers de les prendre et leur disent même qu’ils sont prêts à tarer des boîtes en plastique (preuve que d’autres clients depuis quelques mois font de même).
Ils discutent à ce propos avec leur maraîcher favori : quelques jours auparavant, ce dernier a vu une émission à la télé, peut-être Envoyé Spécial, qu’il leur recommande de replayer. Elle lui a ouvert les yeux et lui a donné envie de proposer à ceux de ses clients qui sont réceptifs de ne plus utiliser de sacs plastiques. Il leur en montre des fins, 25 microns, qui sont théoriquement interdits mais qui continuent à être produits : ils lui coûtent deux centimes pièce. Et des plus épais, 50 microns, les seuls théoriquement autorisés, mais qui lui coûtent 12 centimes. Il reconnaît que la volonté individuelle des citoyens et des commerçants peut être le moteur du changement mais il pense aussi que l’Etat devrait avoir le courage d’interdire vraiment ce qu’il interdit.
La veille, Lambda a traversé en vélo le parc pour aller avec sa fille repérer le Biocoop le plus proche. Ils ont fait aussi leurs premiers achats au Day by Day (le magasin du vrac) de la ville voisine. L’opération « zéro déchet » est lancée : la jeune Graine-de-moutarde y veille. Elle a vingt ans et aucune envie de crever dans vingt ans asphyxiée sur une planète recouverte de plastique par la génération de ses parents. Pour elle, c’est une opération survie. Pour lui, c’est aussi une opération douceur : changer leur mode de consommation, transformer pas à pas son quotidien sous le regard impatient mais complice de la miss, c’est vivre avec elle une petite aventure commune. Sa Greta Thunberg à lui, qui ne l’entraîne pas en bateau jusqu’à New York mais en vélo au-delà du parc de Sceaux.