Vendredi 27août 21
Fascinant. Beaucoup plus trouble que dans cette bande-annonce.
La profondeur des pulsions. Notamment, dans la première partie, le personnage de la scénariste, Shéhérazade moderne qui invente des histoires non pour échapper à la mort mais pour atteindre à l’orgasme ; en se réveillant, l’inoubliable les a oubliées et d’autres doivent s’en souvenir pour elle.
La complexité des relations. Notamment, dans la deuxième partie, ce lien père/fille que les deux personnages principaux, malgré tout ce qui les sépare et aussi malgré tout ce qui les rapproche, parviennent à inventer peu à peu.
La réflexion sur l’art aussi. Cette mise en scène d’Oncle Vania réunissant des acteurs de langues différentes, qui paraît au départ gratuite, mais qui finit par prendre un sens bouleversant, grâce à la comédienne jouant en langue des signes. Hamaguchi réunit des acteurs japonais, chinois, coréens et c’est déjà un acte politique.
Pas que le scénario d’admirable, la mise en scène aussi. Certains plans séquences dans des lits et des voitures, certains changements de cadre, pour révéler que des lieux détruits sont encore peuplés, se fixent instantanément dans la mémoire.
Je me demande comment un film de trois heures d’une telle densité a pu être inspiré par une simple nouvelle (d’un recueil de Murakami que je ne connais pas, Des hommes sans femmes).
Hamaguchi est un maître. Et Drive my car méritait la Palme d’Or.