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SCHIELE/BASQUIAT : LES DEUX EXPERIMENTATEURS

Vendredi 26 octobre 18, café de la fondation Vuitton

Deux amoureux d’âge mûr, serrés l’un contre l’autre comme des adolescents, sur l’Allée Sablonneuse du Bois de Boulogne, dans l’éclat lugubre d’un orage d’automne qui fait étinceler les feuilles mortes et les troncs noirs des arbres.

La fondation Vuitton : une nacelle de métal et de verre déjà trop petite pour la foule qui l’encombre.

L’expo Schiele-Basquiat n’est que la juxtaposition de deux expos différentes : une petite présentation de dessins de Schiele et une énorme rétrospective sur quatre étages de toute la carrière de Basquiat. Aucune mise en relation de ces deux artistes fulgurants morts tragiquement à 28 ans après avoir dynamité l’art de leur époque. Dommage.

Néanmoins, ce qui me frappe, chez l’un comme chez l’autre, c’est la volonté d’expérimenter en permanence. Ils ne séparent pas travail de réflexion et travail de création, ils sont en permanence en train de dessiner et d’essayer des voies nouvelles. Ils nous font assister au bouillonnement créatif de leur imagination, à la transformation permanente du matériau de leur vie, de leur époque et de leur pensée, en œuvre artistique en train de s’inventer. Deux bateaux ivres : ils suivent sans se poser de questions les multiples voies de leur imaginaire, qui sont comme les mille bras secondaires d’un fleuve unique.

Comme Syl, je n’aime pas tout dans Basquiat : certaines œuvres trop simplistes me rebutent et je trouve le snobisme qui l’entoure encore un peu ridicule. Mais son parcours de vie m’impressionne et je suis sensible à la puissance expérimentale de son geste. Ainsi, dans cette œuvre, il rêve à partir d’Exu, le nom d’un démon d’Afrique très révéré par les esclaves déportés en Amérique.

EXU Basquiat

La toile grand format est beaucop plus impressionnante que cette photo, à cause de la taille du personnage principal, de son visage agressif et des yeux qui s’échappent de toute part de lui.

Même si je me suis moqué des touristes qui mitraillaient les portraits de Schiele au lieu de les regarder, j’ai éprouvé le besoin de photographier un morceau de « The Kangaroo Woman » de Basquiat.

Pour la phrase énigmatique écrite dans un coin :

« Many mythologies tell of a voyage to a land of the dead in the west ».

J’imagine qu’il voulait dénoncer la déportation des Noir. Mais moi, je suis surtout sensible à l’appel de ce voyage mythique vers l’Ouest au pays des morts.