Dimanche 26 mai 19
En France, aux élections européennes, les libéraux et les extrémistes de droite se disputent la préséance. Pour les uns, le seul véritable enjeu reste la croissance économique (comme dans les décennies précédentes), pour les autres, c’est la souveraineté nationale (même s’ils l’ont trahie dans le siècle précédent).
« Heureusement, dis-je au citoyen Lambda, les écologistes font une percée! C’est ce que tu voulais et c’est plus qu’encourageant! »
-Oui, me répond-il, mais ils ne sont toujours que la troisième force en France, la quatrième en Europe, et il est déjà bien tard.
-Tu râles tout le temps!
-Je ne râle pas : j’écoute, je regarde, je m’informe.
J’entends dire que, pendant ce temps, les ultra-riches du bloc capitaliste se font construire dans les coins les plus sauvages de la Nouvelle-Zélande des « doomsday bunkers » de luxe, pour échapper non seulement aux bouleversements climatiques mais aussi aux masses des anonymes qui, après les avoir laissés dérégler le climat, auront, c’est bien normal, à subir les conséquences de leur aveuglement.
C’est ce qu’Al i Baddou, rappportant le documentaire de Vice, qui lui-même prolonge un article du New Yorker, appelle une « assurance apocalypse ».
Ce qu’on pourrait appeler aussi la théorie du « non-ruissellement », où les ultra-riches se donnent les moyens de passer entre les gouttes des déluges qu’ils ont provoqués, tandis que les ultra-pauvres et les lambdas comme toi et moi finissent noyés.
Ou bien le syndrome de Noé : non pas le dernier des hommes justes mais le premier des capitalistes.
Pendant ce temps, les ultra-riches qui sévissent dans le bloc communiste se font construire des bulles pour isoler leurs écoles internationales, leurs résidences et leurs clubs de sport du mori-kongqi, « l’airpocalypse », que les pékins pékinois de base sont obligés de respirer.
Donc, je ne râle pas, conclut Lambda, je me demande simplement s’il ne vaut pas mieux faire confiance aux ultra-riches de tous les bords qu’aux résultats des élections démocratiques pour savoir où se situe le seul véritable enjeu.