Dimanche 22 septembre 19
Nous n’avons pas vu le professeur Normal depuis la rentrée, il passe quand même au Jardin pour le café mais il nous fait remarquer ses cernes sous les yeux.
Il ne sort plus de chez lui, sauf pour aller bosser. La réforme du lycée est tellement précipitée qu’il doit absorber les nouveaux programmes de deux niveaux en même temps : il vit au jour le jour, au cours le cours, comme un cancre moyen, ça l’épuise.
Et ça le rend furieux : tout ça pour que le ministère de l’Ed Nat puisse atteindre cette année le quota d’économies d’heures et de postes exigé par Bercy ! « Et moi, éructe-t-il après une bordée de jurons, je ne suis pas comme le ministre, je n’ai pas une armada de conseillers terrorisés qui me prépare mes interventions, pendant que je dors sur mes deux oreilles de sourd ! »
Il nous quitte en traînant les pieds, pour aller préparer ses cours du lendemain. On l’entend ronchonner jusque dans la rue. Nous nous faisons dorer au soleil encore une heure à sa santé : il faut en profiter, on annonce la première semaine de pluie. Notre ami le professeur aura peut-être moins de regret de la traverser comme un zombi…