Mardi 11 février 20
Le chauffeur de taxi qui me conduit vers l’aéroport, un rebeu d’une trentaine d’années, le cheveu ras et la barbe filasse, l’air pas commode, me raconte la petite chose bizarre qui lui est arrivée hier matin.
En se levant et en découvrant que la tempête soufflait, il s’est dit soudain qu’il ne fallait pas qu’il sorte bosser. Sinon, il allait avoir un gros accident. C’était la première fois qu’il ressentait une chose pareille, d’habitude il travaille par tous les temps, à moins d’être complètement KO. « Mais là, me dit-il, cette tempête, non, je ne la sentais pas ! ». Evidemment, ses potes du boulot se sont moqués de lui mais sa mère et sa femme lui ont dit toutes les deux qu’il avait eu raison.
Moi aussi, je le félicite de s’être écouté.
« Vous voyez, ajoute-t-il, la conversation que nous sommes en train d’avoir, le moment que nous sommes en train de passer dans mon taxi, hé bien, je l’ai déjà vécu! Ca vous arrive à vous aussi, des trucs pareils ? »
Son impression de « déjà vu » peut s’expliquer par le fait qu’il a dû souvent taper la discute avec des clients dans mon genre et qu’il a beaucoup parlé avec ses proches de sa décision de la veille. Donc les deux ont pu facilement se mélanger.
Néanmoins, c’est assez rare de voir un homme de son âge et de son milieu parler de son intuition plutôt que de jouer au mec.
Et moi, en l’écoutant, je sais déjà que je me servirai de cette conversation quelque part. Dans un jour, ou dans dix ans, ça ressurgira.