Jeudi 13 février 20
Ce matin visite guidée au Vatican.
Parmi les Français, deux jeunes types, un grassouillet et un petit mince, l’air d’ados attardés, coiffures de joueur de foot, rivés à leurs jeux sur leurs portables et à leurs clopes. Ce que notre pays a à offrir de plus bête et de plus banal.
Mais ils se révèlent plus drôles que je ne pensais.

Quelques secondes après moi, ils s’essayent à photographier avec leur téléphone le dôme de Saint-Pierre construit par Michel-Ange. Un double selfie qui n’a pas l’air évident et qui les fait glousser. La guide leur propose obligeamment de prendre la photo à leur place. Le grassouillet, le plus extraverti, répond : « Ah yes, avec plaisir ! ».
Soudain, ils prennent chacun la pose, en s’embrassant fougueusement sur la bouche.
« Grazie ! ».
La guide, et l’ensemble du groupe, sont surpris mais charmés, je pense, par la justesse spontanée du geste : à la fois, les deux kékés s’offrent une photo romantique et ils se payent le luxe de s’affirmer comme couple homosexuel en plein milieu du QG du catholicisme (je m’amuse à imaginer un instant la même scène autour de la pierre noire de la Kaaba). Le tout sans cesser de se comporter en ados attardés : la classe, quoi !
Peut-être Michel-Ange lui-même aurait-il goûté l’hommage qu’ils viennent de rendre à sa coupole ?