Lundi 24 février 20
Retrouvailles avec sa classe de 2nde. Le professeur Normal et ses élèves préparent la projection de Mustang, le film qu’ils vont aller voir avec « Lycéens au cinéma », en décryptant l’affiche. Les élèves disent des choses intelligentes mais ils ne les écoutent pas.
Alors Normal interrompt « l’échange » : il leur réexplique à quel point leurs bavardages lui sont pénibles. A quel point leur absence de concentration l’inquiète. Il leur propose de la minuter. Il demande à l’une d’entre eux de sortir son téléphone et de déclencher le chronomètre. Il lui signalera chaque fois qu’il y aura de nouveau bavardage : on pourra ainsi mesurer scientifiquement leur temps moyen de concentration. Quant à lui, il parie pour 5 minutes, pas plus. Ils haussent les épaules (faut quand même pas les prendre pour des imbéciles).
Le professeur Normal redonne la parole à M, qui peut finir sa phrase dans le silence. Puis c’est au tour de S, de…
« Stop ! »
Il pointe du doigt les deux foyers de bavardage.
« V., combien de temps ?
-3 minutes 32 »
Ils en rient eux-mêmes. Un peu jaune. Un peu nerveusement. On relance le minutage. Ils font beaucoup d’efforts, leurs fronts se plissent, leurs bouchent se rétrécissent. Cette fois-ci, ils parviennent presque à aller au bout du cours.
« 10 minutes 02. »
Temps moyen de concentration : aux alentours de 6 minutes 40 non?.
« Oui, m’sieur, mais quand même, 10 minutes 02 ! »
Il les applaudit pour avoir réussi en un seul cours à tripler leur maximum de concentration. 10 minutes 02 en 2nde au mois de février, après six mois de travail acharné, c’est remarquable ! La prochaine fois, ils lui promettent qu’ils iront jusqu’à au moins 12 minutes. Le prof et les élèves conviennent que ce serait beau, 12 minutes de concentration, que ce serait fou, un record, presque un idéal.