Samedi 22 janvier 22
Vu hier soir au Théâtre de l’Onde à Vélizy. Depuis, plein d’images encore qui me tournent dans la tête.
Je me raconte que ça nous parle des pesanteurs sociales, qui nous engoncent dans des costumes et nous intiment le silence, des fausses solutions collectives, cultes et divertissements imposés. Et aussi de nos efforts individuels pour nous échapper, des voix que nous entendons là-bas, hors scène, et auxquelles nous tentons de répondre, des contorsions que nous faisons pour nous libérer, des vêtements que nous enlevons, des couples que nous formons, ou tentons de former, des échappées vers le haut, des lumières que nous tentons d’attraper, de l’art, de l’appel, mais toujours quelque chose, un chef, un sous-chef, une machine, qui nous rattrape et nous dit chut et tente de nous faire taire.
La jeune A. elle, une des lycéennes que j’accompagne, se raconte l’histoire d’une fille, qu’elle appelle Daisy, qui n’est pas comme les autres, pas un robot, mais peut-être un peu folle, elle entend des voix, elle essaie de leur répondre, elle voit des animaux préhistoriques là où les autres ne voient que des machines,, elle tombe amoureuse d’une lampe, elle veut la rejoindre dans le ciel, elle essaie, de toutes ses forces, tellement qu’ à la fin tous les autres l’aident à s’échapper.
Quant à Raphaëlle Boitel, la créatrice de la Compagnie L’Oubliée, elle s’est racontée une histoire à partir du mythe de la caverne de Platon -ah bon, mais c’est possible aussi.
C’est de la danse, de l’acrobatie, du théâtre, de l’obscurité, de la lumière, des humains, des fumées, une barre, des échelles, des costumes, des fils, des projecteurs, des tubes, qui, tous, existent, d’une autre vie que la vie humaine, de la musique, industrielle et lyrique, c’est un spectacle total.
Il paraît que Raphaëlle Boitel vient du cirque. Elle en est loin, désormais : dans la poésie pure.