JOSEP

Mercredi 21 octobre 20

Magistral.

Une peinture au vitriol de ces camps de concentration du sud de la France, où furent internés en 1939 des dizaines de milliers de Républicains espagnols fuyant le franquisme et qui constituent l’une de nos hontes nationales  : c’était encore la République mais c’était déjà digne de Vichy.

Une histoire d’amitié entre un gendarme français et l’un de ces internés, Josep Bartoli, artiste antifasciste qui a réellement existé.

Et le récit d’un grand-père à son petit fils (peut-être cet ado est-il le personnage le moins abouti?).

Une animation très surprenante, dès la scène inaugurale de la retirada dans la neige : des dessins qui ne cherchent pas à rendre fluides les mouvements, mais qui s’inscrivent comme des traces dans des paysages d’une très grande poésie. On est exactement aux antipodes de l’animation Disney ou Pixar. Je n’avais jamais entendu parler, je l’avoue, d’Aurel : il fait des choix non seulement audacieux, mais beaux.

Et un hommage magnifique à l’oeuvre de Josep Bartoli, des dessins sur les camps en noir et blanc d’une grande force visuelle, à la fois réalistes, satiriques et expressionnistes, puis des toiles qui intègrent la couleur au contact de Frida Kahlo et du Mexique, avant d’aller presque dans la période new-yorkaise jusqu’à l’abstraction. Aurel les intègre avec virtuosité dans sa propre animation.

C’est un film sur la transmission, la filiation artistique.

Je ne m’attendais pas du tout à ça. J’ai été emballé.

J’ai pensé, dans une thématique très différente, à  J’ai perdu mon corps. On voit surgir en France ces dernières années des animés d’auteur, comme on parlait dans les années 60 de films d’auteur : des aérolithes singuliers, qui proposent une réflexion très adulte sur la vie, sur la politique, sur l’art graphique… et sur le cinéma.