MY SALINGER YEAR

Mardi 9 novembre 21

Le canadien Philippe Falardeau avait déjà raconté dan Guibord s’en va-t-en guerre, les aventures picaresques et tendres d’un député d’une province autochtone pris dans les manœuvres nationales du vote d’une guerre. Dans My Salinger Year il s’inspire du livre autobiographique d’une certaine Joanna Rakoff. Jeune poétesse obligée de trouver un job alimentaire pour survivre, elle engagée par l’agence qui détient les droits de l’ermite littéraire mythique, « Jerry » Salinger. On la charge de répondre par un message standard aux dizaines de lettres que l’auteur de Catcher in the rye continue à recevoir  depuis 1963 et auxquelles il ne répond jamais. Au lieu de les détruire, elle les lit. Et elle se met à rêver sur les auteurs de quelques-unes d’entre elles.

Elle se demande si elle doit rester fidèle à sa vocation poétique ou tenter de réussir sa vie dans le monde de l’édition. Tout le monde rit gentiment lorsqu’elle dit ce qu’elle écrit. De la poésie, vraiment ? Tout le monde sauf… Salinger lui-même. Un jour où par hasard elle répond au téléphone, le romancier lui déclare avec le plus grand sérieux qu’il faut absolument qu’elle continue. Parce que la poésie est la seule nourriture de l’âme. Être à l’affut du surgissement de la poésie comme derrière un rideau d’arbres et l’approcher dans la chronique de l’ordinaire. Être disponible. Ouvert, dans le moment banal, à la vibration de l’instant essentiel. Un son de cloche lointain, dont il faut s’approcher en pensée, parce qu’il résonne mieux dans le silence.

Ce personnage principal à la Woody Allen est joué par la délicate Margaret Qualley. Je finis par me souvenir où je l’ai déjà vue.  Ca alors : dans Once upon a time in Hollywod, elle était  Pussycat, la hippie hypersexy qui faisait du stop!  Ici, au contraire, elle parvient, derrière ses cols fermés et ses yeux grand ouverts, à faire sentir le côté « quiet émotional » de son personnage de jeune artiste prise au piège du monde. Pas mal en deux films.