LA CONFUSION DES LUTTES

Samedi 21 septembre 19

Le Citoyen Lambda n’a pas pu participer à la marche pour le climat : il avait, nous dit-il, « un rendez-vous urgent avec lui-même » (au terme d’une rapide enquête, nous découvrons que c’est ainsi qu’il appelle faire une sieste).

Il avait demandé de le représenter à sa fille, Graine-de-moutarde, et à ses trois amies, en leur recommandant d’être prudentes, car il avait lu que 7500 policiers seraient lâchés dans les rues.

Des participants à la marche pour le climat à Paris, le 21 septembre 2019
Photo Zakaria ABDELKAFI. AFP

Elles avaient repris leurs pancartes de l’année dernière mais cette fois-ci elles ne sont jamais arrivées aux jardins de Bercy. A la place, elles ont respiré pendant deux heures l’air pollué des lacrymogènes, avant de se replier, dégoûtées, vers Denfert-Rochereau.

Les gilets jaunes avaient décidé de rejoindre la manif des écolos. Mais l’alliance des blacks blocks et des policiers a réussi à faire diverger cette convergence nécessaire dans le merdier.

Bon, qu’est-ce qui s’est passé hier à Paris, exactement ?

Nous en discutons du fond de notre Jardin de banlieue sans parvenir à nous faire un avis.

N’est-ce pas la seule manif de cette semaine de mobilisation mondiale pour le climat à avoir ainsi dégénéré ? Parce qu’il faut toujours que les Français se singularisent et fassent n’importe quoi ? Parce que nous sommes en retard? Parce que nous sommes en avance?

Une belle occasion gâchée ?

Une nouvelle journée perdue ?

Ou bien un pas de plus fait, même un peu de travers, dans l’union entre militants de la fin du monde et militants de la fin du mois ? Peut-être la fusion doit-elle commencer par la confusion ? Dans la confusion, ajoute Lambda, les cons sont en tête du cortège de la fusion.

En tout cas, sur Twitter, Castaner se gargarise. Lambda hausse les épaules : tout le monde sait que ce type de gouvernement est plus efficace pour réprimer les manifestations que pour lutter contre le dérèglement climatique et l’injustice sociale.