Archives pour la catégorie Le train en marche

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EXILES

Mardi 17 août 21

Les pas lents d’un homme qui marche
Qui marche depuis longtemps, qui marche depuis toujours
L’Exilé
Le bruit de la mer sur le rivage
Le bruit du sang sur les tempes
Le bruit du temps
L’Exilé marche vers son but
Malgré tout, malgré nous
Jusqu’au jour lointain où il l’atteindra
Parmi nous malgré nous

L’article de Qobuzz m’apprend que, pensant à la crise des migrants, Richter a réorchestré « Singulière Odyssée », composé pour les chorégraphes du Nederland Dans Theater, et certains autres de ses morceaux anciens. Il a confié sa musique au Baltic Orchestra : celui-ci rassemble « des musiciens issus de pays entourant la mer Baltique, brisant les lignes des anciens blocs de l’Est et de l’Ouest, et qui jouent de mémoire, sans partition ».

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VIVE LE SPORT COLLECTIF, VIVE L’EPS!

Mon ami le Bûcheron se félicite que des sportifs de haut niveau réagissent pour protester (même en massacrant l’orthographe). « Mais, ajoute-t-il, si vous connaissez des profs d’EPS, vous pouvez aussi leur demander ce qu’ils pensent de ce tweet : juste pour voir s’ils vont plus ricaner ou hurler de rage… »

Le Citoyen Lambda, lui, est certain d’une chose :

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MIRACULEUSE ANNETTE

Dimanche 11 juillet 21

Des plans de fou, à la Carax. Des séquences virtuoses, qui ne sont pas gratuites (ce que l’on pouvait jusque là lui reprocher) mais qui servent l’histoire. Les deux plans séquences shakespeariens du prologue et de l’épilogue. Les envolées à moto. La tempête. La séquence où la soprano s’égare dans la forêt. Le récit par le comique du meurtre de sa femme (le moyen qu’il invente fait qu’on se tient en équilibre sur le fil entre le tragique et le grotesque). Le duo final entre le père et la fille, si implacable. Evidemment le jeu sur la représentation de l’enfant (je n’en dis pas plus).

Rien que de repenser à ce film ma bouche s’arrondit de stupeur.

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DRUNK

Lundi 14 juin 21

Ces quatre hommes ne décident pas seulement de se mettre à boire pour obtenir le taux d’alcoolémie qui leur permettra de supporter leur ennui, ou de dépasser leurs inhibitions. Ils cherchent un moyen (pourquoi pas celui-là, plus dangereux mais plus rapide qu’un autre ?) de redonner de l’intensité à leur vie, une fois atteint les quarante ans, les cinquante, les soixante, le toboggan lent.

Le mari et la femme se retrouvent pour un week-end de randonnée au bord d’un lac. Ils se retrouvent sous une tente à faire l’amour. En se retrouvant, ils découvrent à quel point ils se sont manqués.

Il accepte de danser pour la première fois depuis des années. Il ne danse pas seulement pour fêter la réussite de ses élèves réunis autour de lui, mais pour dire adieu à son ami disparu, et pour dire bonjour à lui-même, qui était disparu et qui peut être retrouvé. Pour montrer qu’il peut être de nouveau gracieusement, pathétiquement aussi, mais souverainement, là. Cette danse ne peut pas s’arrêter court, par un banal salut. Elle ne peut que s’achever dans un saut de l’ange, qui serait un saut de l’homme.

En découvrant cette séquence finale, tes poils se hérissent, tu te dis que tu vois là l’un des plus beaux moments de cinéma de toute l’année 2020 ou 21 (tout s’est arrêté). Ou de l’histoire? Et qu’elle dit quelque chose d’évident et d’encore trouble sur ton état d’esprit, sur celui de beaucoup d’Européens, autour de toi. Ce comédien, Mads Mikkelsen, qui porte tout ça, qu’il ne pouvait pas encore savoir, sur ses épaules et qui le balance, est prodigieux.

Nous nous arrêtons ensuite dans un petit café-librairie au creux de la rue de l’Ecole de Médecine. Il fait doux. C’est le lieu et le moment idéal pour discuter de ce film de retrouvailles.

A retrouver cette scène, un an après, même émotion.

UN SIMPLE BONUS

Dimanche 24 janvier 21

Premier anniversaire d’un cas COVID en France. Le professeur Lescure, qui l’a accueilli à l’hôpital, est l’invité du journal de 13 heures sur France Inter : il se déclare contre ce troisième confinement dont le gouvernement laisse fuiter depuis quelques jours l’annonce. Selon lui, il est temps de ne plus subir l’épidémie, mais de l’affronter activement, de rouvrir les lieux de vie, les facs et les lieux culturels, en ciblant le confinement sur les vieux et les personnes à risque. Il est temps de prioriser les jeunes par rapport aux vieux. Il affirme qu’il faut être prêt à accepter qu’au-delà de 80 ans, la vie ne soit qu’un simple bonus, et ne pas fermer entièrement la société pour garantir à tout prix ce bonus (comme s’il était un droit?).

Le citoyen Lambda se souvient qu’il y a quelques mois, Macron, lors de sa première intervention avait balayé cette thèse d’un revers de manche, au nom de la solidarité entre les générations, dans un assentiment à peu près général.

Sommes-nous prêts à affronter les conséquences de ce changement de priorisation ?

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UNE MINUTE DE SILENCE

Lundi 2 novembre 2020

Le professeur Norman Normal et ses collègues ont obtenu de la direction du lycée les deux heures de discussion dont voulait les priver le ministère pour préparer un hommage digne de ce nom à leur collègue assassiné, Samuel Paty. Pendant qu’ils échangent leurs idées, Normal se souvient d’autres minutes de silence. Celle de 2001 pour les victimes des tours du World Trade Center (avec des élèves antillais et arabes amateurs de rap mais très remontés contre l’Amérique). Celles de 2015. Presque vingt ans que les profs de sa génération font faire à leurs élèves des minutes de silence en mémoire des victimes d’attentats islamistes. Nécessaires, elles le sont, mais utiles ?

Il la fera avec sa classe de 2nde, celle dans laquelle il y a le plus d’élèves musulmans. Il leur propose de ne pas subir cette minute de silence mais d’essayer de lui donner du sens.

Il leur projette sur le tableau le portrait de Samuel Paty.

Il leur demande ce qu’ils voient.

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